Le Livre blanc du travail social est le fruit d’un an de travail du Haut Conseil. Il tente de répondre à la crise rencontrée par le secteur : importantes pénuries de professionnels, dégradations de leurs conditions de travail, management par les chiffres, bureaucratisation croissante, perte de sens des métiers…
Afin de rendre de nouveaux ces professions attractives, le Livre blanc recommande une revalorisation des salaires, qui ne suivent pas l’inflation depuis plus de 20 ans. Les travailleurs sociaux étant à 90% des femmes, une telle mesure réduirait de fait les inégalités de genre face aux rémunérations. Le document suggère aussi de se pencher sur les conditions et la qualité de vie au travail et notamment sur les ratios d’encadrement. Il préconise par ailleurs des organisations managériales plus participatives.
Le Livre blanc évoque d’autres pistes qui constitueraient autant de progrès pour les professionnels que pour les usagers : faciliter l’accès aux droits, promouvoir des démarches en direction des publics les plus éloignés, favoriser le pouvoir d’agir des personnes accompagnées… Le développement de passerelles aux seins des métiers du social et avec les secteurs approchants (santé, animation, enseignement supérieur…) figure également parmi les préconisations tout comme la simplification du passage entre les secteurs privé et public avec reprise de l’ancienneté.
Lors de la remise du Livre blanc au gouvernement, l’exécutif a évoqué des négociations salariales annuelles dans la fonction publique, le travail sur la structure des rémunérations ou encore l’enjeu de l’égalité hommes femmes et la reprise de l’ancienneté… On est bien loin des ambitions du livre évoquées précédemment afin de retrouver le pouvoir d’achat perdu !
Concernant les rémunérations dans le secteur privé non lucratif, le gouvernement se contente de renvoyer la balle aux partenaires sociaux chargés de la négociation de la convention collective unique et étendue dans la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale.
L’UNSA salue en revanche la mise en place de la solidarité à la source qui permettra de recentrer les professionnels sur leurs missions d’accompagnement ainsi que le fonds d’amélioration des conditions de travail. Même chose s’agissant des 200 millions d’euros pour accompagner les revalorisations dans le secteur de la petite enfance ou la création d’un Institut national du travail social. On note néanmoins que la plupart de ces annonces ne sont que des redites…
Ces mesures sont au demeurant insuffisantes pour relever les défis auxquels ce secteur est confronté dans un contexte de pénurie de personnel. Au nombre de ceux-ci figurent notamment la mise en place d’un service public de la petite enfance, le défi du vieillissement de la population et du nombre de personnes en perte d’autonomie, les réponses aux besoins croissants en protection de l’enfance ou encore la progression de la grande pauvreté et des besoins sociaux en général.
L’UNSA appelle le gouvernement à prendre réellement la mesure de tous ces enjeux. Le ministre du Travail a appelé à des réponses fortes. Chiche !
Accès au Livre blanc du travail social : https://solidarites.gouv.fr/sites/solidarite/files/2023-12/Livre-blanc-du-travail-social-2023.pdf